Le Goéland Masqué : 20e édition

Après deux années d’interruption, le Festival international du Goéland Masqué a repris ses quartiers à Penmarc’h (29) du 4 au 6 juin 2022. Pour cette 20e édition, le roman noir a été de nouveau célébré comme une fête dont voici quelques souvenirs.

« Gêne 2001 – Point de non-retour », avec Fréderic Paulin

Sommet du G8, à Gênes, en juillet 2001. 500 000 manifestants, une répression policière violente et un homme est mort. Carlo Giuliani est abattu d’une balle en pleine tête par un carabinier italien. C’est le sujet de La nuit tombée sur nos âmes (2021) de Fréderic Paulin.

Journaliste et professeur d’histoire dans une autre vie, Fréderic Paulin prend toujours appui sur l’Histoire pour écrire les siennes. La fiction est « une bouée sur lequel le lecteur peut s’appuyer », mais l’écrivain se donne pour code morale de ne jamais pervertir l’Histoire. Elle a « une vertu explicative« , mais c’est bien la littérature que Frédéric Paulin a choisi pour raconter cette épisode qu’il a vécu, faisant partie des manifestants présents à Gênes.

Lors du 18e Festival Longueur d’ondes, une de nos tables-rondes était dédiée à la fiction historique. C’est l’occasion de la redécouvrir, ainsi que celle prenant pour sujet les violences policières : « Forces de l’ordre et violences (il)légitimes, affrontement à armes inégales » .

 » Faille de l’histoire », avec Laurent Petit Mangin

Laurent Petitmangin a fait une entrée remarquée en littérature avec Ce qu’il faut de nuit (2020). Parait ensuite Ainsi Berlin (2021), qui reprend le motif de la faille déjà présent dans son premier ouvrage : faille entre des individus, entre des idéologies, au cœur d’une même ville.

 » Ce qui est un peu obsédant chez moi, c’est l’idée de la fidélité. C’est quoi la fidélité à un lieu, à une personne, à des valeurs ? Qu’est-ce qui fait qu’on reste fidèle ou qu’on commence à ne plus l’être ? A partir de quand on commence à dériver ? « 

Laurent Petitmangin raconte la fabrique de l’écriture : ses « marottes », le choix d’un temps de conjugaison pour un récit ou encore le manuscrit qui repose « comme une bonne patte à crêpe » avant d’être achevé.

Le podcast Bookmakers de Richard Gaitet (Arte Radio) s’est décliné sur scène à l’occasion de la 18e édition du Festival Longueur d’ondes. A défaut d’une captation, on peut toujours poursuivre cette écoute par la table-ronde Comment porter la littérature aux oreilles, enregistrée depuis la Maison de la poésie.

« Dystopies, uchronies : quand le noir prend la tangente », avec Sophie Hénaff et Patrice Gain

Voix d’extinction (2022) de Sophie Hénaff est une comédie à suspens dans laquelle Noé a délaissé le monde animal. Alors, envoyés par Dieu, quatre animaux débarquent sur Terre mais sous apparence humaine. Ils sont là pour infiltrer le sommet du G7 et faire signer aux dirigeants présents un traité de protection des espèces animales.

De silence et de loup (2021) de Patrice Gain est un « roman bicéphale », dans lequel on suit parallèlement deux huis clos. Celui d’un moine d’abord, dans un monastère chartreux. Mais aussi celui d’Anna, personnage principale, partie en expédition polaire et bientôt prisonnière de l’Arctique russe.

L’un fait beaucoup rigoler, l’autre beaucoup flipper. Ce qui relie Sophie Hénaff et Patrice Gain, c’est les préoccupations écologiques qui forment la toile de fond de leurs récits. Le changement climatique et l’érosion de la biodiversité deviennent partie intégrante de nos imaginaires.

Lors du 18e Festival Longueur d’ondes, la table-ronde Approches médiatiques de l’effondrement avait pour thématique les bouleversements climatiques dans nos productions radiophoniques.