Le podcast, un nouvel eldorado ?

1 h 28 – Longueur d’ondes 2020

À quelques exceptions près, les ondes hertziennes n’offrent plus guère d’écrin au documentaire sonore. Le podcast est apparu d’évidence comme LE support de diffusion de l’avenir. Média indépendant, il permet à l’auteur de créer et de réaliser en toute autonomie, de s’affranchir du diffuseur, et du formatage imposé sur certaines antennes. L’auteur.rice s’engage autrement dans la création sonore, chuchote à l’oreille de son auditeur dans une proximité qui ressemble à celle qui relie l’écrivain à son lecteur. Sa liberté est totale.

Ça, c’est pour le versant ensoleillé de l’écouteur.

En réalité, les maîtres mots du podcasteur sont MARKETING, VISIBILITÉ, TEMPS D’ÉCOUTE, POURCENTAGE. Il apprend que réaliser une œuvre élaborée coûte cher, nécessite du temps, pour peu d’écoutes. Son économie est fragile. Il va souvent devoir répondre à des commandes pour assurer ses créations propres. Sur certains sites, il devient tributaire de la publicité. Il comprend que pour survivre, il doit devenir incontournable, communiquer constamment et vers le plus grand nombre, être omniprésent sur les réseaux sociaux et sur les agrégateurs de programmes. Un formatage se met-il déjà insidieusement en place ? 

Retour d’expérience sur les divers moyens d’appréhender ce nouveau mode de diffusion avec Julien Cernobori, podcasteur indépendant, auteur de nombreuses séries narratives dont Superhéros et CERNO, Anouk Perry, autrice, créatrice de podcasts natifs pour ARTE Radio, RFI, Nouvelles Écoutes, Binge Audio et Candice Mullet, responsable Créations Originales chez Sybel.

À la modération : Karine Le Bail, historienne au CNRS (Centre de recherches sur les arts et le langage, EHESS), femme de radio et administratrice de la Scam.

Une table ronde imaginée avec la Société civile des auteurs multimedia

© Photo : Sébastien Durand

Un micro, des effets sociaux

1 h 17 – Longueur d’ondes 2020

« Souvent, la position des journalistes c’est de dire : « Moi, j’ai une question et je veux que tu répondes à cette question. » Mais souvent la question n’intéresse pas la personne interrogée qui peut vouloir parler d’autre chose. Dans l’espace médiatique la parole est confinée, on sait déjà quelle va être la réponse. »

Libéré d’imposition et d’idées préconçues, le micro peut créer les conditions de possibilité d’une parole libre et spontanée, une parole qui circule. Alors plutôt que de tendre le micro, pourquoi ne pas l’offrir afin que chacun puisse se l’approprier pour en faire ce qu’il veut : dénoncer, passer un message, se retrouver et discuter ?

Pour en discuter, étaient réunies, le vendredi 7 février, Éloïse Dubrana, Guilia Buffoli et Silvia Beraldo, membres de l’association Radioactivité, qui organise des ateliers d’initiation à la radio, dont le but est « d’utiliser la radio comme prétexte pour se rencontrer, se retrouver autour d’un micro dans différents contextes et différents pays » et l’anthropologue Marie Meudec .

Pour en savoir plus sur MicroCamp, un atelier radio itinérant que propose l’association Radioactivité, écoutez la séance enregistrée en 2019 à Longueur d’ondes…

© Photo : Sébastien Durand

Le Grain des Choses

52 min 10 – Longueur d’ondes 2020

Le Grain des choses est une revue sonore et dessinée. C’est un nouveau média en ligne porté par des auteurs et des auditeurs qui ont fait le choix de s’organiser en coopérative.

En créant et imaginant notre outil de production et de diffusion nous, auteurs et auditeurs, souhaitons partager ce qui nous tient à cœur : une radio de création de qualité, qui prend le temps, une radio de l’intime et du singulier, de la rencontre, une radio qui interroge sa grammaire et ses codes, qui permet aux autrices et aux auteurs d’articuler leur travail de création avec une forme d’engagement sociétal.

Claire Gatineau et Yves Robic

Chaque numéro du Grain des choses propose plusieurs heures de programmes articulés autour d’une thématique. Documentaires, feuilletons, fictions, grands entretiens, journalisme au long court, témoignages, poésie, paysages sonores, une manière de pouvoir entendre le grain des choses.

Pour présenter Le Grain des choses, Claire Gatineau, auteure et illustratrice pour la revue sonore. Pour prolonger la réflexion sur la création sonore, était également présent à cette table ronde Benoît Bories, producteur sonore indépendant.

A la modération : Violette Volcler

© Photo : Sébastien Durand

Dire l’intime

1 h 21– Longueur d’ondes 2020

Travaillant toutes deux au journal suisse Le Temps, Virginie Nussbaum et Célia Héron se sont emparées d’un micro, dès 2018, pour recueillir les témoignages de « gens lambda », sur des sujets dont on n’ose peu ou pas discuter avec les personnes qui nous entourent.

Ainsi, dans chaque épisode de leur podcast Brise-glace, on écoute, pendant 30 minutes, un Suisse ou une Suissesse nous parler de leur trouble obsessionnel compulsif, de leur « trouple », de harcèlement scolaire, etc.

Pour échanger avec elles, Antoine Richard. Créateur et réalisateur sonore indépendant, Antoine Richard travaille notamment pour France Culture tout en poursuivant l’élaboration de ses propres créations documentaires, dont Sur la touche, diffusé en séance d’écoute durant le 17e Festival Longueur d’ondes.

« Recueillir et mettre en forme de la parole est un exercice très exigeant : Il faut savoir jongler en permanence entre l’écoute de quelqu’un qui nous livre des propos intimes, savoir relancer, savoir poser un cadre et des limites, savoir aussi ce qu’on cherche et en même temps, être déjà avec un regard sur l’objet qu’il va devenir. »

Dans cette séance, modérée par Gabrielle Prietz, ils abordent et comparent tous les trois leur manière d’exploiter la force qu’offre la radio dans la possibilité d’aborder l’intime.

Célia Héron s’est aussi prêtée au jeu du procès-verbal d’Oufipo. Écoutez ses réponses ici.

© Photo : Sébastien Durand

Amaury Chardeau

1 h 13 – Longueur d’ondes 2020

Chaque samedi à 19h sur France Culture, l’émission Juke-Box propose un voyage dans le temps et l’espace à travers l’exploration d’un événement ou d’une période de l’Histoire. Son originalité ? Le faire à travers le prisme d’une playlist musicale retraçant cette époque. Mêlant habilement un récit à des archives sonores, Amaury Chardeau et son équipe nous font découvrir le temps d’une heure un pan de l’Histoire et de son contexte culturel.

Faire parler la musique d’une époque afin de mieux comprendre les événements passés, tel est le crédo de Juke-Box. Rencontre avec Amaury Chardeau, producteur et « voix » de Juke-Box.

Avis aux brestois (et aux autres), le samedi 8 février 2020, jour de l’entretien en public d’Amaury Chardeau à Brest dans le cadre du 17e Festival Longueur d’ondes, Juke-Box était consacrée à Brest. Une formidable émission à réécouter ici.

À la modération : Gauthier Ballan, producteur de l’émission musicale Le Chant de l’Alouette sur Radio U

Écoutez aussi le procès-verbal d’Amaury Chardeau sur Oufipo.

© Photo : Sébastien Durand

Emily Knight, from earth to ears

1 h 04 – Longueur d’ondes 2020

Si vous croyez qu’apprivoiser de manière ludique le monde naturel est le privilège de l’audiovisuel, Emily Knight vous prouvera le contraire.  Productrice pour la BBC, la documentariste anglaise nous a fait le plaisir de se joindre au 17e Festival Longueur d’ondes dans le cadre de notre partenariat avec le Hearsay International Audio Arts Festival.

Durant cette rencontre, Emily Knight nous présente ses récentes productions. D’abord, The BBC Earth Podcast, qui en est à sa troisième saison et qui développe le lien intime que l’homme noue avec les biotopes qui l’entourent. Dans Blue Planet II : The Podcast, Emily et sa collègue Becky Ripley reviennent ensemble sur le documentaire qui a fait sensation au Royaume-Uni, Blue Planet, explorant ainsi l’attrait de l’homme pour ce qui se passe dans les fonds marins et ses habitant.e.s. Pour terminer cette liste non exhaustive elle crée, toujours aux côtés de Becky, Planet Puffin, qui fait état d’une colonie de macareux moine sur l’île de May au large de l’Ecosse.

Ce qui frappe dans chacune des production d’Emily Knight, c’est sa maîtrise du story-telling. Transmettre en son la passion de l’homme pour la nature passe par le récit des expériences qu’il en fait et des savoirs qui en découlent. La journaliste sublime ces histoires en soignant particulièrement les ambiances sonores de ces productions, grâce, notamment, à  l’immense sonothèque de la BBC ainsi que par des prises de son in situ.

Cette rencontre est aussi l’occasion de s’atteler à ce que la production finale masque notamment par sa finesse : comment choisit-on l’intervenant qui saura raconter la bonne histoire ? Comment mêler parole scientifique et récit intime dans une production destinée au plus grand nombre ? Quelle ambiance sonore parviendra à sublimer les mots ? Toutes ces questions ont été élucidées au pavillon Bretagne d’Océanopolis, dans une salle aussi comble qu’enthousiaste.

Une discussion menée par le journaliste Damien Le Délézir.

À la traduction : Anne Poffa

© Photo : Sébastien Durand

Mark Vernon, archéologie sonore et mémoire magnétique

1 h 04 – Longueur d’ondes 2020

« Ma première expérience dans le domaine a été le lancement, avec quelques amis, d’une radio d’art pirate à Glasgow à la fin des années 90. Pendant plusieurs années ‘Radio Tuesday’ a diffusé sporadiquement sur Glasgow, avec des contenus constitués de travaux d’artistes et musiciens du coin, parfois créés et enregistrés dans notre studio temporaire construit pour l’occasion. À une époque où ‘art sonore’ était un terme très peu connu, cela a offert à de nombreux artistes une première opportunité d’expérimenter avec le potentiel du son et de la radio en tant que médium. Rien ne pourra dépasser l’excitation des ces premières émissions : créer des jingles, compiler des programmes sur mini-disc, alimenter l’émetteur avec des pinces-crocodiles branchées à une batterie de voiture tandis que l’antenne était attachée à une clôture quelque part sur une route de campagne, appeler des amis au téléphone pour tester la portée de transmission et évaluer la clarté de celle-ci. Ça, et l’excitation d’allumer le poste et d’entendre une production sonore réalisée par moi-même et transportée grâce aux ondes jusqu’aux oreilles de quiconque voulait écouter. »

Mark Vernon vit toujours à Glasgow aujourd’hui. Artiste sonore, il est curateur de Radiophrenia et producteur de pièces sonores que vous pouvez écouter ici.  Sa présence à Brest a été rendue possible grâce au Hearsay International Audio Arts Festival, partenaire de cette édition 2020.

Mark Vernon choisit de rentrer directement dans le vif du sujet : sa passion pour le glanage de cassettes. Et notamment ces cassettes qui, dans un autre temps, ont permis aux proches, familles et ami.e.s, d’échanger entre eux. Une habitude qui a eu cours en Grande-Bretagne et dont la fonction était avant tout sociale : maintenir le lien entre deux individus dans une nouvelle forme permise par la modernité. Mais si ces cassettes entretenaient les relations à distance, elles ont également permis de se rassembler. Un peu partout dans le monde se sont formés des “tape recording clubs”, associations regroupant producteurs et collectionneurs de ces fragments d’intimité. Ils et elles s’échangeaient entre autres de bon conseil, tel que créer un effet de stéréo à partir de la mono. Souvenirs d’un temps passé qui se retrouvent aujourd’hui dans les brocantes ou les marchés aux puces que Mark Vernon arpente, et qu’il qualifie volontiers comme nos héritages sonores.

Cet exemple parmi d’autres permet à Mark d’introduire le fil conducteur de son œuvre : les notions d’archéologie sonore, de mémoire magnétique et numérique. L’artiste donne une seconde vie à ces collectages, les intégrant à ses prises de son pour former de nouvelles compositions. S’il exploite ces héritages, c’est qu’il se place lui-même en héritier, guidée par le même enthousiasme qu’il nous transmet à son tour lors de cette rencontre.

A la traduction : Noé Poffa

© Photo : Sébastien Durand

Le Labo des Savoirs

57 min 28 – Longueur d’ondes 2020

Le Labo des savoirs est une émission radio hebdomadaire consacrée aux sciences et à la culture scientifique. Tous les champs du savoir scientifique sont les bienvenus dans ce programme destiné au grand public. Ce sont des jeunes engagés dans une démarche exigeante, impliqués dans la réalisation d’une émission fluide et vivante.

Cette équipe est constituée dans sa grande majorité de doctorant.e.s et d’étudiant.e.s encadrés par des professionnel.le.s. Le Labo des savoirs est une proposition faite à tous ceux qui le souhaitent de découvrir le journalisme scientifique et la création sonore. C’est aussi une volonté : celle de faciliter l’accès aux savoirs et aux connaissances scientifiques, de créer des intersections entre la recherche et les citoyens.

Le vendredi 7 février 2020, dans le cadre de son « Forum des radios associatives », le Festival Longueur d’ondes a convié Agathe Petit, rédactrice en cheffe et Hélène Cécilia, présidente, à venir parler du Labo des savoirs. Une présentation à deux voix de cette émission nantaise associative pour nous rappeler que le monde de la science est vaste et que vulgarisation scientifique et création ne sont pas incompatibles, loin de là !

Une rencontre organisée en partenariat avec la Semaine de la recherche de l’Université de Bretagne Occidentale.

© Photo : Sébastien Durand

Sur la réalisation avec Lionel Quantin

1 h 14 – Longueur d’ondes 2020

En 1991, Lionel Quantin est à Aubenas. Il s’installe dans un des sièges bleus d’une petite salle de cinéma, et écoute le réalisateur et producteur d’émissions à France Culture Jean Couturier évoquer son rapport à la radio. De cette rencontre, naît une vocation. Lionel Quantin va devenir réalisateur pour la radio.

« La radio pouvait permettre ça. J’ai mis du temps à la trouver et pourtant tout était là mais je l’ignorais : les sons marquants de mon enfance ; mon rapport si fort à la musique ; l’impact d’une voix et de ses silences ; mes questions incessantes sur tout ; cette conscience du mystère profond de la vie que ce média peut approcher de manière tellement respectueuse car il laisse libre celui qui le reçoit. »

À Brest, le vendredi 7 février 2020, Lionel Quantin revient sur la précision qu’implique son métier, du lien intime entre le producteur et le réalisateur et sur l’impérieuse nécessité de rendre collective une œuvre radiophonique. Pour l’accompagner dans cet entretien, Marc-Antoine Granier, avec lequel il a travaillé, notamment sur le documentaire « Entre les mères », diffusé sur France Culture.

A la modération : Marc-Antoine Granier

Une rencontre imaginée en partenariat avec l’Addor.

© Photo : Sébastien Durand

La Banalyse : une expérience de résistance du dérisoire

1 h 06 – Longueur d’ondes 2020

« La Banalyse n’est pas un banalisme.»

La Banalyse est une proposition critique et poétique, politique sans être militante. Elle est une invitation qui reste ouverte et sans définition.

« Le banal c’est un outil d’analyse pour s’opposer à tout ce qu’on nous impose aujourd’hui … Le capitalisme n’aime pas le banal, c’est l’ennemi du banal. Quand on s’interroge sur ce qu’est le banal, on est au cœur d’une des contradictions du capitalisme. » 

Les banalystes s’étaient engagés à tenir dix congrès aux Fades, dans le Puy-de-Dôme, où le train ne s’arrête que sur demande. Ils s’y sont tenus et nous le racontent, le dimanche 9 février 2020, dans la salle du passage des Arpètes, au cœur des Ateliers des Capucins. Mais qu’en dire ? Dans une époque au sein de laquelle le banal est proscrit, la Banalyse nous invite à prendre le temps de ne rien faire.

D’ailleurs, plutôt que d’en parler, les banalystes présents au Festival Longueur d’ondes le dimanche 9 février 2020 ont convié les festivaliers à assister à un acte banalytique : la pose de la première pierre du Scriptorium expérimental Jean Genet de Pontaniou à Brest.

A la modération : Nina Pareja

© Photo : Sébastien Durand